vendredi 2 novembre 2012

Une page par jour (ou la procrastination à son meilleur) - La gastrite


Oui, je sais, j’avais dit une page par jour. Donc, aujourd’hui, logiquement, je devrais écrire quatre pages. On verra.

Voyez, c’est difficile aussi pour moi de maintenant une certaine cadence. J’ai un travail à temps plein, j’ai une vie sociale et aussi surprenant cela puisse parraître, je ne passe pas l’entièreté de mon temps devant mon ordinateur.
 
De plus, cette semaine, j’ai eu une magnifique surprise. J’ai été pris de cours par la maladie. Ouais, je suis malade comme une truie. J’ai une superbe grippe avec un bonus de gastrite. Mais grippe comme dans vraie grippe. Je tousse, je crache, j’ai la gorge en feu et mes poumons sont visiblement fâchés. Puis la gastrite... Ah gastrite, ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu toi et moi.

En fait, pour vous faire une histoire courte d’étymologie médicale, une gastrite, c’est une inflammation des parois de l’estomac due à un surplus d’acidité qui fait absolument tout pour vous rendre la vie invivable.

Les causes principales de la gastrite? Hm. Le stress, la cigarette, le sucre, l’alcool et la caféine. Oups, c’est l’équivalent de me résumer en cinq mots. Oui, je suis mal barrée côté stomacale.

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Avant, je me disais que j’étais faite pour l’amour à distance. Que c’était bien, une bonne idée, une belle invention. La relation idéale qui me laisserait du temps pour moi et qui ferait que je n’aurais jamais de comptes à rendre. Ça, c’était avant, avant que ça me tombe dessus.

Rendue à trente ans, quand l’amour te tombe dessus, tu te fous pas mal de la distance et du tralala. Tu remercies le ciel, tu cries des louanges ridicules à un Dieu en lequel tu crois plus ou moins et tu appelles ta mère. À trente ans, quand l’amour te tombe dessus, t’es contente en sacrament parce que oui, t’avais perdu espoir un peu.

Je ne pensais pas trouver l’amour à huit heures de route. Je ne pensais pas trouver l’amour dans un autre pays. Je ne pensais pas que l’attente serait insupportable.

Bref, j’en fais une gastrite.

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Pour toi, je m’achèterai une jolie robe. J’irai me faire couper les cheveux. Je porterai de talons hauts, mais pas trop pour ne pas te dépasser. Je serai altruiste de ma grandeur.

J’essaierai d’avoir l’air en forme en sortant de l’autobus. De bonne humeur, pimpante de joie et je ne te parlerai même pas de l’homme qui sentais le swing dans la banc à côté de moi. Son odeur m’a donné mal à la tête mais je ne plaindrai pas. Je serai beaucoup trop heureuse pour me plaindre de toute façon.

Je retrouverai ton odeur, je te redonnerai ton chandail. Je t’en subtiliserai un autre avant de repartir de toute façon.

Tu me manques tellement que j’en fais une gastrite.

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La façade qu’il se donne pourrait bien tomber. Il entend le mur craquer. Il voit les briques tranquillement s’effriter. Par la fente l’air commence à passer, on voit même la lumière du jour pénétrer. Ce n’est qu’une question de temps. Petite fissure deviendra grande. Petite pièce sombre au fond de lui deviendra grande verrière plein soleil.

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Petite bête sauvage. Pleine de courage, pleine de peine, tu souries quand même. Petite bête sauvage, je te connais bien. Je suis un peu comme toi. Au fond de ta tanière tu cherches. Le pourquoi, le comment, mais tu ne comprends pas vraiment. Les réponses ne viennent jamais seules, les ennuies non plus. Chaque jour tu te demande le pourquoi, le comment, les réponses ne viennent pas, les ennuies non plus.

Petite bête sauvage, le chasseur te guette. Au fond de ta tanière tu te caches. Ton petit cocon ouatiné que tu ne veux plus quitter, tu t’y blotties, confortablement, à l’abri, saine et sauve.

Petite bête sauvage, le chasseur sait, le chasseur guette. Ton cœur il prendra, sans regret il le mangera, sans regret il le digèrera, sans regret il repartira en quête d’une nouvelle proie.

Petite bête sauvage, tu le sais toi aussi, mais tu ne peux t’empêcher de mettre le nez dehors. C’est novembre, ton nez est froid, tes joues son rouges, tu ressemble au mois de mai.

Petite bête sauvage. Pleine de courage, pleine de peine, tu souris quand même. Ton cœur à moitié mangé tu continues d’avancer. Le pourquoi, le comment, les réponses ne viennent pas, les ennuis non plus. Tu attends déjà le mois de mai.

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Marcher avec le vent dans la face, nager à contre courant, se laisser porter par la vague, voguer sous un ciel tranquille. Vogue, vogue, vogue petit matelot. Come on vogue, let your body move to the music. Si j’étais un homme je serais capitaine. 

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Elle aime quand l’amour fait mal. Quand les nœuds autour de ses poignets son trop serrés. Elle aime se débattre. Elle aime contempler ses ecchymoses. Ses cicatrices de guerre, grande guerrière.

Elle aime l’amour qui fait mal.
  
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(Attention, ici, c’est la partie où je me plains de ma gastrite. En général, je déteste me plaindre, mais ici, j’ai le droit. De toute façon, avec le pourcentage de la population qui a fait de cette page leur lecture du dimanche, je ne risque pas tellement de tomber sur les nerfs de quiconque)

L’avantages d’avoir une gastrite (car oui, voyez, je me veux optimiste, j’essaie de trouver des avantages à ma maladie impromptue), c’est la perte d’appétit. J’ai perdu 8 livres en 4 jours. C’est une bonne moyenne je trouve! La perte d’appétit… comprenez-moi bien, quand le simple fait d’ingérer un putain de verre d’eau vous donne le pire spasme stomacale de votre existence, vous aussi, vous auriez une enfant de chienne de perte d’appétit! Mettons que l’envie de manger un sandwich est loin dans ton subconscient.

Toutefois, la combinaison grippe/gastrite comporte plusieurs désavantages. Habituellement, je tue mes grippes à grands coups de jus d’orange. Si je pouvais me shooter à la vitamine C je le ferais. Mais là (vous me voyez venir, je le sens), comme le verre d’eau me donne envie de m’ouvrir les veines en criant des grossièretés en latin, vous comprendrez certainement que j’ai oublié le jus d’orange.

J’ai donc voulu me mettre au repos, parce que visiblement, j’en ai besoin, mon corps m’envoie un signe, il me dit ²Wo les moteurs fifille!² . Déjà que ma qualité (et ma quantité) de sommeil est plus que médiocre, le fait que j’ai des quintes de toux qui me font cracher ma vie toutes les 10 minutes n’améliore pas ma situation. J’aimerais bien prendre une belle et douce gorgée de sirop à la cerise, mais c’est la même histoire que le jus d’orange… oui, j’ai essayé.

Pas de sandwichs, pas de jus d’orange, pas de sirop à la cerise. Juste moi, moins 8 livres, cernée jusqu’en dessous des bras.

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J’affronte la page blanche en me disant que rien ne peut m’arrêter. Rien. Je jetterai l’encre sur cette page telle une pieuvre en beau criss.

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On prend toujours un train. Quand tu en manques un, tu prends le prochain. Pas de surprises, pas de déraillements, tu arriveras sur le quai #3 et personne ne t’attendra. Tu me diras s’il y a de la lumière au bout du tunnel. Tu as choisies de prendre un train, un chemin bien tracé qui t’amènera là où tout le monde attend quelqu’un qui ne viendra pas, où les arrivés ne sont pas attendus. La vie est un train. J’ai décidé de sauter et je cours dans un champ. Peut-être nous reverrons-nous sur le quai #3. Je ne t’attendrai pas. Tu m’auras déjà oublié.

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L’hérédité en pleine face. Comme une bourrasque de janvier avec de la neige pis toute le kit. Pendant que son arbre généalogique perd ses feuilles elle s’accroche, pis y vente fort en tabarnack.

L’hérédité en pleine face. La claque qu’elle avait essayé d’éviter toute sa vie. On ne peut pas faire mentir la génétique.

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Quatre pages, oui, je suis fière de moi.

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L’humanité fait son possible et moi aussi.

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