samedi 3 novembre 2012

Samedi matin


Elle s’est acheté des fleurs de papiers jaunes. Comme ça, elles ne faneront pas. Ce sera l’été à l’année longue dans son salon. Les fleurs fanées ne nous rappellent que le bon temps où on les a cueillies.

Aujourd’hui, le souvenir des jours fleuris lui pèse plus qu’à l’habitude.

Les papillons sont sortis de son ventre, laissant un vide lassant. Complètement blasée, assise à côté d’un vase plein de fleurs de papier, l’automne s’est bien installé.

Dehors, le temps est gris, à l’intérieur aussi. Elle sait qu’elle ne doit pas forcer les choses. On dit que les choses viennent habituellement d’elles-mêmes et comme le temps fait bien les choses, elle attend. Assise à côté des fleurs de papiers jaunes, elle attend.

Elle place toute sa confiance dans le temps. Il s’occupera d’arranger les choses. Il fera revenir les fleurs et les papillons. Il la bercera en souvenir des jours fleuris.

***

Vivre au temps des superficiels. Ne pas se perdre dans la masse, sortir de la marge, être visuellement élégants.

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Petit ange au cœur sucré. Tu es venu me voir pour que j’attache ton manteau. C’est vrai que ce n’est pas évident de le faire tout seul quand tu portes des mitaines. J’ai bien attaché ta tuque, maman à peur que tu aies froid, tu as tendances à faire des otites comme moi quand j’étais petite. Je caresse ton visage rougi par la chaleur, tu veux aller jouer dehors maintenant.

Plus tu grandis plus tu ressembles à ton père, mais tu as mes yeux même s’ils sont bleus comme les siens. Je te regarde par la fenêtre de la cuisine, tu aimes la neige, mon petit ange au cœur sucré. Je sais que bientôt le jour arrivera, celui où j’aurai à t’expliquer pourquoi tu ne le connaitras jamais. Pourquoi j’ai choisi qu’il ne ferait pas parti de nos vies. Je sais que tu comprendras, tu es comme moi, tu as la compréhension facile.

Je quitte la fenêtre des yeux et je cours enfiler mon manteau. Le temps passe trop vite. La vaisselle attendra. Je cours te rejoindre dehors. Tu ries, tu me trouves drôle. Nous roulons ensemble dans la neige et tu ries encore plus fort. Ton rire est la plus belle chose qui pouvait m’arriver.

Côte à côte, nous faisons des anges dans la neige. Nous sommes des petits anges aux cœurs sucrés. Un jour je t’expliquerai comment ton père a pris mon cœur pour le mettre dans son café un samedi matin.  

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