J’ai cessé d’exister la minute
où tu es sorti de ma vie. Je respirais grâce à toi, j’étais qui j’étais pour
toi, j’existais par ta faute. Je ne suis qu’un personnage que tu as créé dans
ta tête. Ce soir, quand tu iras te coucher, je serai déjà loin derrière. Le
temps passe, la vie passe et je passe aussi. Je te l’avais dit.
J’aurais apprécié rester plus
longtemps, mais je comprends ta décision. J’aurais sans doute fait la même
chose. On se ressemble un peu toi et moi tu ne trouves pas? Tu m’as façonnée un
peu à ton image finalement. Tu es plein de talent, ne doute jamais de ça.
Peut-être nous
recroiserons-nous, dans un autre livre, un autre histoire, une autre vie.
Peut-être que cette prochaine fois je serai blonde et pulpeuse? Peut-être que
je ne serai plus la même. J’ai toujours été du genre à changer sur des coups de
tête, tu m’as faite comme ça.
Est-ce que tu as vu ce film où
l’auteur tombe amoureux du personnage qu’il est en train de créer et qu’elle se
propulse dans sa vie comme par magie? Ça me fait penser un peu à nous deux.
Sauf que moi, je ne suis restée que du papier et des images. Une utopie
féminine irréelle.
Au fil de l’histoire, je t’ai
montré mes défauts bien malgré moi. Tu as tout fait pour les faire sortir. Tu
m’as fait sentir vulnérable et j’ai eu peur que tu m’oublies. J’ai tout fait pour
rester dans l’histoire et c’est ce qui a causé ma perte. Je suis entêtée, comme
toi.
J’espère ne pas trop dormir
loin dans ta tête. J’espère que tu trouveras le moyen de me fabriquer une
nouvelle histoire. Une dans laquelle je serai finalement heureuse, une où je
pourrai libérer tout l’amour que j’ai en moi, celui qui existe ailleurs que dans les
lettres, les mots et les images.
En attendant, je n’existe
plus.