Quand l’inspiration revient, on ne lui
crache pas dessus, peu importe comment elle fait son retour, même si c’est
entre deux rêves à 3h du matin. On lui parle gentiment, on la remercie, on lui
fait douceur. J’ai souvent parlé à mon inspiration, comme si elle était une
personne, quelqu’un de mon entourage qui me frustre.
J’ai des conversations dans le miroir le
matin avec mon inspiration.
J’avoue tout.
Mais l’inspiration n’est pas une personne,
elle ne vous répond pas, elle n’envoie pas de fleurs quand vous êtes morts, elle
ne vous fait pas de soupe aux nouilles quand vous êtes malade. Elle ne fait que
vous envoyer de petits signes insignifiants que vous essayez de saisir le mieux
que vous pouvez. Une piste, un filon ; le reste de travail, c’est toi qui le
fais.
Le soir, assise devant mon ordinateur avec
une tisane à la menthe.
J’ai plein d’outils maintenant pour ne plus
la laisser passer, pour ne plus qu’elle ne s’échappe. J’ai un cahier, des
fiches et des crayons un peu partout, mon ordinateur et un dictaphone. J’ai
tellement peur qu’elle me quitte à nouveau que j'essaie de suivre absolument tout ce
qu’elle me dit. Une simple phrase se transforme souvent en paragraphe et puis,
une page, et une autre, ça avance.
Je suis contente et je vais bien. Je vais
mieux.
(Je vais peut-être même finir par perdre
toutes les émotions que j’ai mangées qui se sont savamment placées dans mes
fesses)
Parce qu’elle est revenue. Parce qu’elle
finit toujours par revenir. Elle n’est pas de celle qui quitte pour toujours…
comme les autres.
Comme toi.
Peut-être qu’à force de lui parler au
travers le miroir chaque matin elle a finit par m’entendre. Qui sait? Peut-être
que je ne suis pas aussi folle que j’en ai l’air. Qui sait? Peut-être que je
n’ai pas l’air folle du tout. Qui sait?
Pas moi.
Peut-être que si je commence à te parler
tous les jours au travers le miroir tu finiras par revenir aussi.
Je ne pense pas.
(C’est certainement mieux comme ça, je n’ai
pas envie de prendre 10lbs de plus)
(Merci quand même)