lundi 26 novembre 2012

Se changer les idées


Donnez-moi la neige. Donnez-moi les nuits froides de novembre. Donnez-moi une raison valable de mettre ma tuque (parce que je la mets quand même, j’apprécie le couvre-chef). Donnez-moi une raison de sortir mon manteau d’hiver. Donnez-moi l’occasion de mettre mes combines.

J’ai envie du vent froid qui me fouette la face et qui me fait pleurer. J’ai envie de mettre mes bottes et d’entendre croutch-croutch quand je marche. J’ai envie d’avoir un vrai mois de novembre.

J’habite au Québec ou quoi?!

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Je ne me suis toujours pas acheté de mitaines, just saying.

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J’essaie de me sortir la tête de l’eau. Je nage sur place parce que mes pieds ne touche pas le fond. Je n’ai pas envie d’aller contre courant, je n’ai pas envie d’avancer non plus. Je nage sur place. Je pourrais faire la planche et me laisser porter par la vague mais si je suis pour atteindre le rivage, j’aimerais que ce soit par moi-même.

Alors je nage sur place. J’essaie de me sortir la tête de l’eau. Des fois j’avale des rafales, je m’étouffe un peu, mais ce n’est pas grave. L’important, c’est de ne pas plonger.

Ne pas plonger.

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Je dois me changer les idées, le plus possible. C’est la seule chose que j’ai en tête. Me changer les idées. Me changer les idées. Me changer les idées.

Lire, lire, lire, m’abrutir devant la télé, boire trop de tisane, cuisiner des plats beaucoup trop compliquer, aller dehors avec les toutous le plus souvent possible, découvrir beaucoup trop de nouvelle musique en un lapse de temps beaucoup trop court pour vraiment apprécier.

Me changer les idées.

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Bien, bien bien, mine de rien, avec tout ça, dans exactement 35 dodos je vais avoir les deux fesses dans le sable de l’Amérique-Centrale pour le jour de l’an. Ça, ça va me changer les idées solide!

Deux semaines de beau soleil sur ma peau. Hm. Bonjour dépaysement. Ça va tellement me faire du bien. Mais tellement.

Ça m’a fait du bien d’en parler. Merci.

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Belle chanson de la journée



Paper kite  - Bloom  


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Je me change les idées. Je me sors la tête de l’eau et je ne plonge pas. Mais tu me manques quand même. 

vendredi 23 novembre 2012

Heureuse avant toi


J’ai pris les devants. J’ai décidé pour moi, une décision complètement égoïste, je n’ai pas pensé à toi une seule seconde. J’ai décidé de te bannir de ma vie, parce que c’est mieux pour moi. Je l’ai fait pour moi, pour me protéger, parce que j’étais heureuse avant toi.

J’étais heureuse avant toi.

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Bon! Maintenant, je vais encore devoir me ramasser. Je vais encore devoir recoller le puzzle que je suis devenue au fil des années. Bah, je sais, y manque des morceaux, l’image est un peu fade et délavée, m’enfin. Ce n’est pas comme si c’était la première fois non plus. J’en ai l’habitude.

L’habitude du cœur cassé. L’habitude des trippes arrachées. L’habitude d’être un peu mêlée. Je suis une déçue de première classe.

J’étais heureuse avant toi.

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Je m’étais dit que je n’allais pas être celle qui allait t’abandonner. Je me suis trahie en quelque sorte. Mais d’un autre côté, à quoi bon se battre pour une cause perdue d’avance. À quoi bon se battre pour un cœur qui ne nous appartiendra jamais. Ton absence m’a fait baisser les bras. L’espoir est mort… depuis au moins lundi.

J’étais fucking heureuse avant toi!

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30 et 1/6 ans, je pleure comme une sublime truite devant mon ordinateur essayant d’écrire pour extérioriser le mal. Oui, je me plains encore. Je me plaindrai toujours, je suis une belle enfoirée de geignarde.

Ce n’est pas la première fois que je banni quelqu’un de ma vie. Ce n’est pas la première fois que je le fais en étant pleinement consciente (parce que oui, je l’ai déjà fait en l’étant plus ou moins). Bien oui, ça fait toujours aussi mal. Disons que ce n’entre pas dans la catégorie : Décisions faciles à prendre.

Tu ne décides pas de bannir quelqu’un de ta vie comme tu choisies les bobettes que tu vas porter le lundi matin. Tu y penses. Tu pèses les pours et les contres, mais bon, on ne se cachera pas que quand tu es rendue au stade de bannir quelqu’un, en général, il y a plus de pours que de contres. M’enfin, même si tu connais déjà l’issue de ce pour-parler avec ton toi-même, la décision, reste, en elle-même, pas très évidente.

Puis ensuite, tu envisages le retour. Tu envisages les questions. Donc tu fais tout pour t’effacer de la vie de cette personne. Tu ne dois pas répondre aux courriels, ni au téléphone.

J’espère ne pas avoir à appeler vidéotron demain matin…

Tout ça parce que j’étais heureuse avant toi.

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Devenir un fantôme sans hanter personne. Errer dans les rues de la ville sachant que je ne t’y croiserai jamais.

Je deviendrai reine du mutisme. Pas un mot. Quand les gens me parleront de toi, j’hausserai les épaules en abordant un visage dubitatif, ils comprendront. Lorsqu’ils nommeront ton prénom, je ferai non de la tête, ils comprendront.

Je t’ai enterré juste à côté de la hache de guerre. Je n’ai pas mis de pierre tombale car je ne pense plus aller visiter cet endroit, en fait, j’espère l’oublier. 

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J’étais heureuse avant toi.

Tu me dois encore 25$.

mardi 20 novembre 2012

Heavy


Le gazon est encore vert dans la banlieue. Ses habitants se promènent fièrement le long des parcs avec leurs chiens à crinière de lion. Nous sommes en novembre, en ville tout est gris, mais la banlieue, elle, reste figée en été malgré les nuits froides et le givre au sol le matin. 

Florence est sortie du décor post-moderne-ultra-épuré de la nouvelle maison de ses amis pour aller fumer une cigarette sur le balcon. Elle est la seule fumeuse de la bande maintenant. Elle est la seule qui habite encore en ville d’ailleurs. Puis, dans quelques années, la situation sera sans doute encore la même. Elle l’aime sa vie, même si la plupart de ses copains considèrent qu’elle n’a pas de but précis dans la vie. Certes, fonder une famille est un but, mais ne pas en désirer une ne signifie pas nécessairement l’absence d’objectifs de vie aussi concrets que les leurs.

Florence resta longtemps à l’extérieur obnubilée par le gazon vert. Elle en est à sa deuxième cigarette. Elle fuit le malaise. Le genre de malaise tellement dense qu’il forme une sorte de bruine opaque d’inconfort dans la pièce. Un malaise tellement épais qu’on aurait pu le trancher au couteau pour ensuite vous le servir dans votre assiette tel un gros steak, saignant et bien juteux.

Visiblement, l'idée de s'être retrouvée ici lui paraît de plus en plus absurde. Le gazon jaune devant son appartement lui manque. Le chat de ruelle qu’elle a commencé à nourrir aussi et, lui au moins, n’abordera jamais cette crinière de lion dégoutante et ridicule.

Elle prit son courage à deux mains et retourna à l’intérieur. Lorsqu’elle franchi le seuil de la porte, tout le monde s’arrêta de parler. Le malaise était oh combien palpable. Plus elle avançait dans la pièce, plus elle avait l’impression d’entrer dans un piège de saran-wrap. Les regards sur elle étaient lourds, l’air était pesant. Elle n’aurait pas dû y retourner.

Depuis la mort de son frère, les choses avaient bien changées. Le temps c’était figé mais elle avait continué d’avancer comme une automate, refusant de vieillir, refusant toute forme de futur si ce n’était pour être sans lui. Plus rien n’en valait la peine. Certes, de le dire comme ça, à voix haute devant tout le monde dans le salon n’avait pas été la meilleure idée de sa vie. Puis, d’ajouter en riant qu’ils ne devaient pas s’inquiéter pour elle car, de toute façon, elle n’aurait jamais le courage de s’ouvrir les veines n’avait pas aidé sa cause non plus.

Maintenant, elle projetait l’image qu’elle tentait de fuir depuis plus d’un an déjà. Comme si elle venait de mettre tous ses effort d’au-dessus-de-ça à la poubelle. En l’espace de trente secondes elle avait perdu toute se crédibilité de fille-forte-qui-passe-au-travers-comme-une-championne.

Elle déposa son sac par terre dans un geste lent, presque calculé, et prit la parole : « Vous, vous imaginiez quoi bande de tarés? J’ai trouvé mon frère jumeau pendu dans sa garde-robe! Vous pensiez quoi? Que je trouve que ce n’est pas si grave que ça? Que la vie continue même si avant de le trouver j’ai eu l’impression de mourir sur un coin de rue? Que je ne savais pas ce qui m’attendait quand je suis retournée à la maison? Que la surprise a été tellement grande que je vis encore dans le déni? Il n’y a pas eu de surprise. Il n’y aura plus jamais de surprise. »

Florence reprit son sac d’un geste aussi calculé et retourna vers la porte. « Après ça, n’allez pas me demander pourquoi je ne veux pas d’enfants! » Elle poussa la porte et sortie. L’automate continua son chemin jusqu’à l’arrêt d’autobus qui allait l’amener loin, là où pousse le gazon jaune et où les surprises n’existent plus.      

dimanche 18 novembre 2012

Pas de mitaines


Hier après-midi, je suis partie pour aller m’acheter des mitaines. Je suis revenue avec un nouveau tatouage sur le bras. Disons que c’est la version hard du « Je suis allée magasiner pour me trouver des pantalons et je suis revenue avec trois chandails ». Puis, comme je l’ai déjà dis, chacun ses priorités.

Donc, je me suis fait tatouer un joli triangle équilatéral en haut de mon coude gauche. Pourquoi? Pour rien. Est-ce que ça signifie quelque chose? Non. Je vous explique.

Plus le temps passe, plus j’accumule l’encre sous mon épiderme. Pourquoi? Parce que je trouve ça beau. Ça me plait, c’est comme de l’art vivant, ça me rend heureuse, ça me change les idées et surtout, ça change le mal de place. Parce qu’on se fera pas de cachettes là, c’est des aiguilles dans la peau, donc oui, ça fait mal. Toutefois, malgré la douleur, le tatouage apporte une certaine sensation que je pourrais qualifier de magique. Ton corps sécrète tellement d’endorphines que ça donne comme un buzz d’une drogue que je ne connais probablement pas. (Ciel! J’ai déjà assez de problèmes dans ma tête comme ça, j’embarquerai certainement pas la drogue là-dedans. Donc non, je ne prends aucune drogue parce que, visiblement, j’en ai pas besoin)

Donc, non, je ne veux pas que mes tatouages aient une quelconque signification. Comme je fais ça souvent pour me changer les idées, ça serait ridicule de me faire tatouer quelque chose qui me rappelle quelque chose ou encore pire, quelqu’un. J’ai déjà une assez bonne mémoire comme ça, je n’ai pas besoin d’avoir un agenda sur le corps. Certes, je comprends tout ceux qui veulent s’imprégner de souvenirs, mais non merci pour moi. Dans ma vie, souvent, les bons souvenirs deviennent mauvais (c’est une question de karma je crois), donc je n’ai pas envie de vivre avec une marque corporelle qui pourrait me rappeler quoique ce soit.

Souvent, j’y vais par étape. C’est une manière pour moi de mettre un point (même quand c’est un triangle). Donc oui, je viens de passer une autre étape. Je pense à autre chose en m’étendant de la vaseline sur le bras. La prochaine étape? J’en ai aucune idée et c’est parfait comme ça.

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Succès souvenir de la journée



Do it again – Nada Surf

Maybe this weight was a gift – Ça parle tout seul des paroles de même.

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Troquer ses mitaines contre un tattoo. Pour 80$, j’aurais eu des criss de belles mitaines!!