lundi 29 avril 2013

La mer


Je m’ennuie de la mer. La mer me manque. Pas celle du Costa Rica, celle de chez moi, la mer du nord.

Quand tu grandis sur le bord de la mer, elle fait partie de ton paysage. C’est ta mer et tu la prends un peu pour acquis. Elle te regarde grandir, elle ne te juge pas, elle reste là, toujours là.

Toi aussi tu la regardes. Tu la regardes changer, tu la regardes s’éloigner, puis revenir. Elle finit toujours par revenir. Parfois, tu la voix se fâcher, elle te fait peur un peu, mais elle reste toujours belle malgré les intempéries.

Tu te rappelles des feux de camp, sur le bord de celle-ci, quand la lune brillait sur ses eaux calmes et que l’air salin te pétillait les narines. Tu te rappelles aussi des soirées, à la pêche aux capelans, quand la mer t’offrait des vagues d’argent frétillantes. Tu te rappelles le rire des enfants qui essayaient de prendre le poisson dans leurs petites mains.  

« Ark! C’est dégueu! »

Pas tant.

Tu te rappelles quand tu allais nager. Même quand l’eau était ben frette. Tu te rappelles mettre la pointe de ton gros orteil dans l’eau et reculer sur la berge rapidement. Jamais tu n’allais entrer dedans, pas quand elle est aussi froide, jamais! Mais tu viens du nord, l’eau froide, ça te connaît et tu entres quand même. Parce que tout le monde le sait : Quand t’es entré au complet, c’est moins pire.

Tu te rappelles de ton adolescence, quand tu allais te baigner avec un t-shirt parce que tu étais beaucoup trop gênée pour montrer ton corps. Tu te voyais vraiment pire que ce que tu étais. Tu n’as jamais été grosse et tu le sais.

Puis, un jour, tu es partie. Tu as quitté la mer pour la ville. Tu ne regrettes pas ton choix, mais des journées comme aujourd’hui. La mer te manque.

La mer te manque tellement que tu regardes des photos. Tu la regardes devenir reine, devenir miroir, devenir forte et fière, mais l’ennuie reste et te ronge. Tu as même essayer de la peindre tellement elle te manquait. Mais ce fût sans succès, bien que la peinture soit un de tes hobbys, tu ne réussies pas à lui rendre justice. Les trois petites toiles rectangulaires que tu as faites te semblent abstraites et étranges. Ça ne ressemble à rien, sauf peut-être à ta mer intérieure.

Tu accrocheras quand même ces toiles parce que tu trouves que ton appartement manque de décoration. Tu les mettras dans la salle de bain, à côté du miroir. Puis, si un jour quelqu’un te demande d’un air dégoûté « Mais? Fuck?! C’est quoi ça?! » Tu diras que tu les a trouvées au marché au puce à Charlesbourg et que tu trouvais qu’elles s’agençaient bien à ton rideau de douche. 

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