Dernièrement, quelqu’un m’a demandé si
j’écrivais pour moi. Cette question se heurte à toutes les parois de mon
cerveau depuis ce jour là. Est-ce que j’écris pour moi? D’où vient mon fameux
blocage? Pourquoi cet espèce de cercle vicieux qui me ramène toujours en
arrière, qui me ramène toujours vers la censure?
Voyez, je pense que j’ai peur. J’ai peur
d’écrire et que ça ne marche pas. J’ai peur du regard que les autres pourraient
poser sur mes écrits, mes récits, mes histoires. J’ai peur que mon roman soit
de la merde. Bref.
Habituellement, je peux canaliser cette
peur, en faire une sorte de motivation, mais lorsque cette peur touche mon
écriture, je bloque. Pourtant, j’aime écrire, je pense même avoir un certain
talent. Je pense être apte à faire de jolies phrases.
Je l’ai toujours dit, mon pire juge,
c’est moi. Comme je m’auto-condamne rapidement, je n’ai jamais fait lire mon
roman (ou ce qui en reste) à quiconque. Je n’aurais peut-être pas dû en parler.
J’aurais peut-être dû garder tout ça pour moi. De cette manière, personne ne
m’aurait demander où et rendu le roman et ça ne m’aurait pas mis sur les épaules
une pression supplémentaire.
Dernièrement, j’ai revu un ami, lui aussi
m’a demandé où était le roman? Cet ami me connait bien, il est un de mes
lecteurs aussi. Lorsqu’il m’a posé la question et j’ai eu peine à camoufler un
petit rire nerveux.
Nous avons pris la peine d’en parler. De
parler de ma peur, de parler de la censure engendrée par celle-ci. Quand
j’ai osé prononcer le mot censure, il
a pouffé de rire. Pour lui, moi qui se censure, c’était la chose la plus
absurde et la plus ridicule qu’il n’avait jamais entendue. Il n’a pas tort mon
ami de rire ainsi.
Je me suis rarement posé des questions
dans la vie, je laisse les choses arrivées et je les prends comme elles se
présentent. Certes, c’est un gros bouillon dans ma tête, mais j’essaie souvent
de laisser la place à la voix de l’insouciance. Celle qui fait que parfois
j’agis ou je parle sans trop réfléchir. Celle qui fait que je me censure
rarement.
Cet ami, aujourd’hui, je le remercie.
Merci de m’avoir écouté et merci d’avoir ri de moi. Merci de m’avoir fait
réaliser que je devais écrire pour moi. Merci de m’avoir dit cette phrase
exacte : « Pourquoi tu n’écris pas comme tu me parles? Là maintenant,
toi, assise sur ton divan pas de maquillage. Pourquoi tu n’écris pas comme ça,
comme quand tu me parles sans gêne? Parce que maintenant, entre toi et moi, de
la censure, il n’y en a pas »
Il a bien raison cet ami. Dans ma vie, je
ne me suis rarement censurée pour rien ni pour personne. J’ai eu des coups de
tête complètement débiles qui m’ont coutés bien des choses, mais qui m’ont
tous, à leur façon, rendue plus riche d’expériences. J’ai souvent dis ce que je
pensais tout haut, même au risque de passée pour à côté de la plaque. J’ai su
rester moi-même malgré tout.
Moi, sans censure, pas de maquillage, sur
mon divan un samedi après-midi. C’est comme ça que j’ai envie d’écrire et j’ai
envie de le faire pour moi.
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